13 mai 2005

La consécration de la démagodie ou la défaite de la démocratie

vendredi, 13 mai 2005

La consécration de la démagogie
ou la défaite de la démocratie

nicolas Cadène


Le propos est ici de démontrer la consécration de la démagogie et la défaite de la démocratie, à travers la campagne électorale précédent le référendum français du 29 mai 2005 sur le Traité établissant une Constitution pour l’Europe.

Après un mépris sans borne par l’ensemble des médias, des partisans du « non » - mépris qui ne laissait aucune place à un vrai débat entre partisans du « non » et partisans du « oui » - , ces mêmes médias ont décidé unanimement, de se « rattraper ».

Ils le font de la pire des manières. Le « non » est désormais « à la mode » et ils ont profite. Le « non » est « à la mode » parce que de nombreux politiciens, syndicalistes, intellectuels de gauche et autres associations « citoyennes » se mobilisent en sa faveur.

Du coup les médias relatent et étalent ce « non » sur toutes ses coutures face à des argumentations « ouiistes » évidemment ridicules et sans ampleur. Certains journalistes parlent de « non » de gauche et de « oui » de droite alors même que le « non » est autant de droite que de gauche.

La plupart participe à une diffusion démesurée de tous les arguments du « non » pour des raisons purement mercantiles et d’audimat.
Mais jamais, je dis bien jamais, les médias n’ont au préalable vérifié de telles argumentations du « non ».
Pas de contre-expertise, pas de contradiction avec des arguments valables du « oui » ; et ce, justement pour soutenir cette mode du « non ». Finalement, les médias confirment leur conformisme au courant d’idées du moment. Ils les créent, ou du moins les soutiennent.
Mais ils ne participent plus, en aucun cas, au débat d’idées, à l’information citoyenne.

La déontologie journalistique paraît inexistante depuis quelques années, c’est aujourd’hui une certitude. Les exemples sont nombreux : le plus célèbre étant sans aucun doute le cas « Chouard » (qui n'en peut plus de se faire "mousser") dont on sait que ces arguments ne tiennent pas debout (à aucun niveau) et qui pourtant est toujours élevé en "héraut" du « non », invité sur les plateaux, ou dans les tribunes de certains hebdomadaires (dernièrement « Marianne ») ou périodiques, sans aucune contradiction valable.

Les médias ne sont pas les seuls coupables de ce déclin démocratique concernant l’information citoyenne et le débat d’idées.

Certains chefs politiques jouent du « non » à des fins électorales évidentes. Ils ne cherchent en rien à défendre leurs concitoyens, ils cherchent avant tout une résurrection électorale.

Ceux du Parti Communiste, de la LCR et de LO n’ont jamais été pour l’intégration européenne et il est donc logique qu’ils s’opposent une nouvelle fois à un traité européen. Mais pourquoi usent-ils d’arguments fallacieux et déformant la réalité ? Pourquoi joue-t-il sur la peur ? (notamment en mettant toujours en avant l'ultralibéralisme soit-disant omniprésent dans le traité et la fin des services publics français, alors que cela n'a rien à voir et que c'est tout à fait faux)

On peut même se demander si les tenants du « non » à droite n’ont pas plus de crédibilité ; car leur vision archaïque de repli franco-français illustre leurs argumentations incohérentes. Ce sont ceux qui me sont le plus éloignés politiquement et idéologiquement, mais leur position et leurs arguments n’étonnent guère et ne trompent point.

Concernant les socialistes pour le « non », ce ne sont pas les pires et leurs arguments sont assez justes. Mais certains parmi eux ne manquent pas de soutenir des mensonges alors qu’ils en connaissent la portée. Et puis l’on sait quels sont pour certains les enjeux carriériste d’une victoire du « non »…

Ensuite, il y a l’omniprésence (nouvelle) de certaines associations, comme ATTAC, qui se dit « association d’éducation citoyenne » (ce qui déjà la décrédébilise lorsque l'on connaît la composition de son bureau national) et qui cherche avant tout à tout « casser » pour arriver en « messie ».
Mais comment, elle qui avait pour but de promouvoir une société plus juste en proposant de vraies initiatives citoyennes démocratiques, peut soutenir des argumentations qui déforment la réalité du texte ?
Comment peut-elle tronquer des articles du traité pour soutenir qu’une phrase n’y est plus présente (en comparaison aux précédents) ?
Comment peut-elle diffuser à grande échelle des mensonges éhontés ? Comment peut-elle s’afficher officiellement dans des meetings avec le PC, la LCR ou LO, alors même que son action n’était pas politisée ?
Que fait Ignacio Ramonet (une référence pour moi) ?
Pourquoi ne dit-il rien, lui qui a inspiré sa création ?
Est-il d’accord de la dérive autoritaire et politicienne de l’association et du soutien que lui apporte son collègue du diplo Bernard Cassen ?

Et que fait « Acrimed » (Action critique média), grande association dénonçant les dérives médiatiques ? Elle soutien le « non » en démontrant l’omniprésence du « oui » dans les médias.
Ce que dit Acrimed est vrai, mais pourquoi son honnêteté ne va que dans un sens ?
Pourquoi ne dénonce t-elle pas la dérive purement mercantile et électoraliste de la campagne ?

Enfin, la plupart des seules grandes « institutions » de gauche qui s’opposaient au pouvoir en place pour de bonnes raisons, pour une promotion démocratique, et dans lesquelles certains comme moi avaient foi, sont aujourd’hui en train de prouver qu’elles ne sont pas mieux que les autres. De prouver qu’elles aussi jouent de la manipulation du peuple, le trompent et se servent de lui pour accéder au pouvoir – ou l’influencer directement - et imposer ses idées propres.

Une victoire du « non » dans de telles conditions serait la preuve du déclin démocratique français, de la prééminence médiatique et de la perpétuelle manipulation du peuple.